Chapitre VI – Le pont des morts
sur Pénombre au format (54 Ko)
Les mois qui ont suivi notre retour de Kenson Gakka ont été lourds d'inquiétude. Après ses déboires avec le Clan du Scorpion, le Clan du Lion est désormais bien engagé pour entrer en guerre avec mon clan. L'hiver s'étend à sur l'Empire mais dés que les neiges se retireront, il y a fort à parier que les armées prendront leur place. Il se trouve que mes compagnons et moi-même savons en partie ce qui a provoqué cette guerre, où plus exactement qui a manipulé les évènements afin que les incidents ...Contient : bataille (23)(...) Et ma conviction croissante était que d'une manière ou d'une autre, cette force avait aidé Hakka-san à survivre à labataillede Kenson Gakka. Je n'ai pas abordé le sujet avec lui mais au prix de quelques allusions, il a admis à demi-mot que c'était bien le cas. (...)
Le message avait été porté par un jeune barde de la famille Ikoma, Ukiai-san, requis pour l'occasion et chargé de nous aider à rejoindre Tankenka-sama. Par précaution, je pris mon armure debataillelorsque je m'équipai pour suivre mon nouveau magistrat et bien m'en pris. Notre arrivée à Toshi Ranbo fut tout sauf banale. (...)
Je parvins à les convaincre de nous laisser passer malgré mon origine évidente car s'il est une chose qu'il faut reconnaître au Clan du Lion, c'est que ses samurai attachent toute son importance à la parole d'un autre samurai. J'ai donc déclaré publiquement que je ne combattrai pas avec mon clan dans cettebataille. En fait, je n'avais pas vraiment le choix à moins de masquer le mon impérial. Soit je demeurai fidèle à mon clan, soit je demeurai fidèle à mon engagement et ma mission. (...)
Puis, je m'affairai auprès d'Akodo Kairou, le samurai blessé emmené par Hakka-san pendant que celui-ci et Isamu-sama montaient à l'étage. L'aubergiste nous avait déclaré que Tankenka était sorti peu de temps avant le début de labatailleet dans l'attente de son éventuel retour, peut-être était-il nécessaire d'inspecter sa chambre dans l'éventualité ou il aurait laissé des instructions écrites à notre intention. (...)
Mais personne ne resta sagement là à attendre qu'il meure car ses propres soldats outragés se lancèrent dans labataille. Comme le disait Tankenka, quelqu'un voulait visiblement faire en sorte que la Grue et le Lion s'entredéchirent. (...)
Après nous être assurés que les blessures de Denosei-sama ne le faisaient pas trop souffrir et qu'Akodo Kairou pourrait un jour retourner sur le champ debataille, nous sommes sortis précipitamment dans la nuit. Une volée de flèches nous accueillit à la sortie de l'auberge mais les archers Matsu s'arrêtèrent de tirer et restèrent figés un moment en voyant le spectre apparaître devant eux. (...)
Nous avons vite compris que tant que nous ne faisions pas montre d'hostilité, nous avions moins de chance d'attirer leur attention et il nous fallut beaucoup de volonté pour ne pas laisser nos instincts de guerriers prendre le dessus alors que tout autour de nous, les samurai des deux camps se métamorphosaient les uns après les autres en tueurs féroces comme si une vague invisible passait sur le champ debataille. Après être parvenus à sortir du gros de la mêlée ou l'on s'étripait désormais sans distinction de rang ou d'uniforme, nous avons traversé un terrain d'entraînement désert et sommes arrivés au mausolée dans lequel les cendres d'Akodo Arasou fut mises après sa cérémonie funéraire. (...)
L'homme se réveilla lorsque Isamu-sama tenta de lui faire reprendre conscience mais il se rappelait simplement qu'il se trouvait dans ses appartements en train de se préparer à labatailleavant de se retrouver sur le sol devant nous. Malgré sa perplexité qui égalait la nôtre, il comprit aux bruits tout proches que labatailleétait bien engagée et partit accomplir son devoir de général. Nous eûmes le temps de l'avertir de l'étrange comportement des samurai qui s'affrontaient mais il avait l'air aussi démuni que nous face à cette situation. (...)
D'ailleurs, ils se contentèrent de demeurer là, comme si le simple fait de s'éloigner un peu suffisait à nous faire sortir de leur 'champ de vision'. Puis, ils ont disparu. Soudainement. Et les bruits debatailleprovenant du reste de la ville ont aussitôt semblé s'apaiser. Mais quelque secondes plus tard, le corps de Tankenka projeté depuis le sommet d'une muraille proche s'écrasait à quelques pas de nous. (...)
Car une fois rassemblés, les Légats n'accepteraient pas longtemps l'autorité de Goden. Toute leur âme aspirait à labatailleet à chaque fois qu'ils tuaient un homme durant leurs manifestations sur notre monde, l'âme de celui-ci allait les rejoindre. (...)
Nous avons trouvé Matsu Tsuko devant la statue érigée en l'honneur d'Arasou et je me rappelai alors qu'elle aurait du épouser cet homme s'il n'était pas mort à labatailletrois ans auparavant. Elle a accepté en grognant le miroir de Tankenka mais son visage a pali quand elle a regardé dedans et elle s'est éloignée sans rien dire. (...)
Ils acceptèrent sans un mot d'obéir aux ordres de Shiba Isamu-sama, espérant mourir honorablement à labatailleafin de ne pas avoir à devenir ronins. J'ai toujours respecté les samurai qui ne se contentent pas de se comporter comme tels quand cela les arrange. (...)
Il nous fallut plusieurs jours pour arriver à l'avant-poste et les quelques réfugiés heimin que nous croisâmes sur la route nous avertirent que les Plaines deBatailleméritaient une fois de plus leur nom. A plusieurs reprises, des contingents de soldats du Clan de la Grue pris de folie furieuse avaient attaqué les fortins du Clan du Lion et les contre-attaques de celui ci n'avaient fait qu'aggraver le problème. (...)
Escarmouches, assauts surprises et contre-offensives se multipliaient et nous redoutions tous que des armées entières se jettent dans labatailleavant que nous ayons pu régler la situation. Evidemment, il s'avéra que l'avant-poste que nous cherchions avait justement été l'objet d'une telle attaque. (...)
Pendant que mes compagnons et les junshi combattaient les troupes de mon clan, je fonçai jusqu'à l'oni et lui expliquait en quelques mots que le chef des cavaliers était en fait allié à cette ombre qu'il redoutait. Il n'hésita pas un instant et se rua à labataille. J'espérai qu'à défaut d'arrêter les soldats possédés, son intervention nous permettrait de tuer le pauvre officier possédé par Tobasu afin qu'au moins les Légats ne soient plus efficacement dirigés par un spectre qui avait apparemment conservé toutes ses capacités. (...)
Il nous fallait accomplir le rituel si nous voulions qu'après leur mort ils puissent aller là ou il le devaient au lieu de venir grossir les rangs des Légats qui semblaient plus forts et plus agressifs à chaquebataille. Pour ces raisons, j'ai lancé un oni fou contre mon propre clan. Kakita Tobasu fut renvoyé en Meido lorsque l'oni broya son malheureux hôte d'un seul énorme coup de poing. De nouveaux cris debatailleretentirent et un bataillon de cavaliers aux couleurs du Clan du Lion arrivèrent et se ruèrent sur les assaillants, augmentant la confusion. (...)
Nous savions déjà que l'un de nous allait devoir se sacrifier en participant au rituel. La suite n'était pas plus réjouissante. Le rituel devait impérativement avoir lieu au cours d'unebatailleimportante. Malheureusement pour nous, nous savions déjà ou en trouver une. Shiro no Yojin, le Château de la Vigilance que le Clan du Lion avait pris aux miens quelques décennies plus tôt semblait tout destiné à recevoir de plein fouet la prochaine offensive de nos armées. (...)
Pour bien montrer qu'ils considéraient leurs assaillants comme des gens indignes qui n'avaient pas suffisamment d'honneur pour leur accorder une mort honorable. Shiro no Yojin, là ou eut lieu laBataillede la Nuit des Etoiles Filantes... mais les étoiles brûlaient dans les mains de mes soeurs, de mes frères et de leurs enfants cette nuit là. (...)
A notre arrivée en ce lieu de triste mémoire, la tension était palpable car les premiers éléments du Clan de la Grue venaient d'entamer labatailleavec les détachements de cavalerie de la garnison. Sous nos yeux, le général du Lion tomba sous la flèche d'un archer. (...)
Je lui remis alors l'étendard que j'avais sauvé près de l'avant-poste et, lui souhaitant la victoire, je m'en retournai chez les assiégés. Très franchement, je ne m'attendais pas à survivre à la journée car dans le feu de labataille, un mauvais coup ou une flèche perdue ne sont jamais à négliger. Ironie du sort, j'étais sans doute le premier bushi en armes du Clan de la Grue à pénétrer dans Shiro no Yojin depuis des décennies, j'allais assister à labataillevisant à le reprendre mais je ne pourrai pas y participer. Alors que Daidoji Uji lançait l'assaut, nous nous sommes rendus dans les étages supérieurs du château, pour mener à bien le rituel. (...)